Turquie

 

23 avril 2009

19 heures 25, l’avion se pose sur le tarmac après deux heures de vole et la première question que je me pose en mettant le pied sur le sol turc concerne mes affaires, comment vais-je les retrouver alors que j’ai presque du démonter en petites pièces mon vélo et ma remorque pour qu’on me laisse embarquer au Caire.

Heureusement pour moi, une demi-heure plus tard je retrouve mes 7 petits paquets, 7 petits paquets qui représentent tous mes biens, toute ma vie, bien peu de chose à première vue et pourtant tellement important à mes yeux.

Une heure plus tard j’ai enfin remonté mon attelage et je me dirige vers les différents postes de douane et pendant que je suis dans la file d’attente, je me remémore toutes ces montagnes turques avec leurs sommets enneigés que j’ai survolés durant plus de 30 minutes, me disant que ce pays ne va pas être une partie de plaisir, fini le plat pays qu’était l’Egypte.

Me voilà dans le hall de sortie quand je peux enfin voir l’extérieur, il est déjà 21h30 et la nuit est déjà tombée depuis longtemps et je me demande où est ce que je vais bien pouvoir dormir ce soir car le premier hôtel que je puisse me permettre se trouve à plus de 25 kilomètres d’ici, bien trop loin pour moi, je suis bien trop fatigué et ne tiens pas vraiment à rouler de nuit dans un pays que je ne connais pas.

Je sors enfin de mes réflexions et arrête de fonctionner comme un automate, j’ouvre les yeux sur ce pays, tout est propre, les gens bien habillés, les maisons bien entretenues et peintes, je suis arrivé dans un pays riche et cela est de mauvaise augure pour moi avec mon petit budget de globecycleur. J’hésite un moment, vais-je passer la nuit à l’aéroport ou tenter ma chance et me trouver un petit coin proche de l’aéroport pour y planter ma tente et y passer ma première nuit ? Mon hésitation est de courte durée et j’enfourche mon vélo et commence ma découverte de ce nouveau pays. 

A peine le temps de parcourir 1 kilomètre et demi que je tombe sur une station d’essence où je m’arrête pour boire un café histoire de me remettre les idées en place(moi qui m’attendais à du bon café turc, me voilà en train de boire un nescafé, pouah).

J’ai de la chance, car je trouve directement une carte du pays, voilà un problème de moins et la chance continue à me sourire car en cherchant les WC de la station qui sont derrière le bâtiment, je vois qu’il y à un petit coin d’herbe derrière celui-ci et une grande haie de buisson qui le cache, l’endroit parfait pour y planter ma tente en douce et y passer ma première nuit incognito, il va juste falloir que je mette mon réveil et me lève en même temps que le jour, histoire de ne pas être vu.

Aux premières lueurs de l’aube, claquant des dents et complètement surpris par les 10 degrés du matin, je plie bagage et remonte sur mon vélo pour parcourir les 40 kilomètres qui me séparent du centre d’Istanbul, du bord de la mer où je veux me poser pour réfléchir un peu car je dois déjà préparer mon arrivée en Iran, trouver un visa, je vais donc être obligé de rester dans cette ville plusieurs jours pour l’obtenir, cela me laissera le temps de faire le site et surtout ouvrir cette carte de la Turquie qui est vraiment très montagneuse et trouver le chemin le plus court et surtout le plus plat possible pour les 2'000 kilomètres qui me séparent de l’Iran.

Durant ces 40 premiers kilomètres que je parcours, j’ai vraiment l’impression de me retrouver en Europe, je dirais même plus, en suisse car tout est propre, pas un déchet au sol, pas un seul coup de klaxon. (là je pense aux paroles de ce cher président Sarkozy sur la Turquie ). Je travers enfin ce bras de mer qui sépare les deux continents et quand j’arrive dans le cartier de kadikoy, j’ai même l’impression d’être à Lausanne car la ville est posée sur de petites collines, seul la vue de la mer me fait savoir que je n’y suis pas.

Je retrouve enfin un pays où l’eau du robinet à un goût tout à fait acceptable, où les femmes sont présente et égaye de leur présence la vie de la ville, ici elles ne sont pas voilées et la Turquie fait partie des deux seuls pays musulmans qui ont un gouvernement laïque. J’ai tellement l’impression d’être de retour chez moi que je ne sors même pas mon appareil photo tant les choses me semble naturel. Soudain je pense à vous, je me dis que je ne peux pas vous laisser sans image de ce que je vis ces premiers jours, alors voilà, rien que pour vous je l’ai sortit et fait cette photo 

vous comprenez pourquoi j'ai l'impréssion d'être en suisse maintenant (l'internationnalisation de ce site, ou la globalisation, m'oblige à apporter certains détails sur ce gag pour les européens et tous les autres, c'est comme ci j'avais mis une photo d'un super marché de votre ville, en Suisse Migros est partout)

 

Après plus de 2 mois de soleil et de chaleur, je connais enfin mon premier jour de pluie et la température est descendue à 13 degrés en pleine journée, j’espère juste que je ne vais pas connaître ce temps durant tout mon périple dans ce pays.

Isabelle m’aide énormément pour les démarches de ce visa car tout ce passe sur Internet et évidement en anglais, nous ne sommes plus côtes à côtes mais c’est comme si nous vivions ce voyage ensemble, ne me manque que son sourire du matin, son contact, mais la vie en a décidé autrement pour le moment, alors je fais ce que je peux avec ce que j’ai, le début du paradis n’est ce pas de savoir se satisfaire de ce que l’on a? Je ne le sais pas vraiment, mais cela m’aide pour le moment.

Un émail des autorités iraniennes me fait perdre le sourire, j’apprends que je recevrais mon visa le 20 mai par voie normal ou le 5 si je paye plus cher et le prend en express, deux semaines à rester dans la ville la plus cher de Turquie, je ne vais pas tenir tout ce temps, j’aurais le temps de devenir fou, rester sans rien faire, sans rien découvrir c’est comme laisser la porte grande ouverte à mes émotions de manque de ma petite Isa. Je dois trouver une solution, vais-je la trouver ?

J’espère bien qu’oui sinon cela va être un véritable enfer….

Mais cela est une autre histoire que je vous raconterais un jour prochain, enfin si je ne finis pas en camisole de force 

 

29 avril 2009

Je me rends vraiment compte que le temps n’existe pas dans ma nouvelle vie de globecycleur car je suis déjà à deux jours de ma première année de voyage et je n’ai rien vu passé, c’est vraiment comme si j’étais parti hier de mon pays d’enfance, comme si je n’avais pas donné ces millions de coups de pédales, comme une impression de n’avoir enfourché mon vélo que pour une petite balade dominicale, je pourrais presque m’entendre dire à ma famille que je vais faire une petite balade en vélo et que je reviens pour le souper.

Vraiment comme si j’avais glissé dans une 4ième dimension où le temps c’est arrêté, comme si je recommençais inlassablement la même journée avec chaque fois des paysages et des gens différents, comme si je vivais une mystérieuse journée sans fin. (je sais enfin pourquoi je ressens cette impression de ne pas avancer dans le temps et à force de recherche, j’ai trouvé sur Internet une réponse ) http://www.dailymotion.com/video/x10n1r_burn-velo-arabe-tare_fun

fin de vie d'un bateau au pied d'Istanbul

de nombreuses Mosquées à visiter

toutes aussi belles les unes que les autres

 

L’Iran est en pleine fête de nouvelle année et je ne recevrais définitivement mon visa que le 5 mai alors j’essaye de remplir mes journées comme je peux car je n’aime définitivement pas les grandes villes et Istanbul est vraiment une grande ville.

Heureusement pour moi, je fais la connaissance de Farid, un franco-algérien qui me sert de guide et me fait visiter, durant un après midi, certains des monuments de la ville qui en compte un bon nombre, enfin quand je dis visiter, ce fut plus une course à pied pour moi car j’ai vraiment pris un autre rythme de vie, même ma manière de marcher est devenue lente et sereine, j’ai cru poursuivre un homme qui avait le feu aux fesses, mais se fut un agréable moment car j’ai pu à nouveau parler français.

J’en profite aussi pour faire du lèche vitrine et enfin trouver mon bonheur car la jante arrière que je me suis procurée en Egypte ne tourne vraiment pas rond, elle est déjà voilée (bin oui, elle est égyptienne ) et plusieurs rayons sont tordus, sans parler du bruit épouvantable qu’elle fait quand je suis en roue libre.

un vrai régal pour les yeux

heureusement que "Sarko" a dit que la Turquie n'avait rien à voir avec l'Europe, il avait pas tout tord, c'est bien plus propre que dans beaucoup de pays européens

au pied des Mosquées de grands espaces sont réservés aux ablutions (je vous laisse chercher dans le dictionnaire)

 

J’ai pris pour habitude quand je suis arrêté plusieurs jours dans un coin de fréquenter les même endroits afin d’y faire des connaissances et habituer les locaux à ma présence, ce qui à pour effet, au bout d’un moment, que ceux-ci me questionnent et quand ils apprennent que je fais un tour du monde en vélo, leur cœur s’ouvre encore plus et la commence mon apprentissage du pays que je visite.

Souvent on me fait goûter à pleins de plats différents et cela gratuitement ou alors je suis inviter à venir camper chez eux pour une nuit ou quelques jours et la je peux satisfaire à ma curiosité de la famille à travers le monde, tout en faisant des économies, ce qui dans mon cas est vraiment de l’eau bénite et me permet de voir les jours suivants plus sereinement.

Farid ou l'homme pressé, j'en ai encore mal aux mollets

 

Encore 7 jours à patienter avant de toucher mon visa et il ne me reste plus qu’à envoyer à l’ambassade suisse d’Iran l’itinéraire que je prévois de faire dans ce pays, comme il le demande sur les pages Internet du Département Fédéral des Affaires Etrangère. (dfae.ch pour les futurs voyageurs, on y apprend pleins de choses très utiles)

Et le reste du temps, que vais-je bien pouvoir faire ??? Je n’aurais pas vraiment le temps de me poser cette question car une bonne nouvelle vient me flatter les oreilles, cette bonne nouvelle m’est donnée par Isabelle qui me réserve une belle surprise, elle a la possibilité de venir me rejoindre à Istanbul pour une semaine, je vais revoir ma LOVE, ma tite Femme, la joie envahit la moindre parcelle de mon corps.

Une semaine pour compenser presque deux mois de séparation et de manque, une semaine pour se retrouver et s’aimer comme deux fous, une semaine pour vivre ce que nous n’avons pas pu nous donner durant ces deux derniers mois, cela promet de jolies retrouvailles avec juste un petit bémol à l’horizon, comment allons nous vivre notre deuxième séparation qui cette fois sera pour un temps bien plus long, cette question traquasse beaucoup Isabelle.

Cela lui fait même très peur, elle en sanglote quand je l’ai au téléphone mais notre envie de nous coller l’un contre l’autre est plus forte que tout et dans deux jours nous serons à nouveau réunis pour un temps, nous fêterons ensemble notre première année de voyage, mais ces deux dernier jours me semble passer tellement lentement que j’ai l’impression qu’ils durent plus longtemps que tout mon voyage.

petit détail de l'intérieur d'une Mosquée

marché égyptien comme ils l'appellent, on y trouve de tout

certains bateaux sont tellement gigantesques qu'ils couvrent de leur ombre les immeubles de la ville

 

La suite de l’histoire, ben nous allons disparaître de la circulation pendant ces quelques jours, puis à son départ je continuerai ma route en direction de l’Iran qu’il me faudra pas loin de 2 mois pour y arriver en traversant une région de Turquie, la région Est, où il est déconseillé d’y voyager, mais cela est une autre histoire que je vous conterai si je survis à nos retrouvailles 

mais qui est-ce qui pointe le bout de son nez (z'avez vu un peu ce sourire)

 

10 mai 2009

Je me suis trompé en disant que le temps n’existait pas dans ma nouvelle vie, j’aurais plutôt du dire qu’il ne ressemble plus du tout à celui que je subissais dans cette société où il n’est devenu qu’argent, où il s’égraine toujours à la même vitesse car ils ne nous aura fallu que quelques secondes pour effacer comme par magie deux mois de séparation, 2 petites secondes, juste le temps de nous retrouver l’un en face de l’autre, de nous regarder droit dans les yeux et nous jeter dans les bras de l’autre comme si nous ne voulions former plus qu’une seule entité, un être fait d’amour sans fin.

Avec ce geste, c’est deux mois d’incertitude et de tristesse, de mal à l’âme et de cœurs blessés, de questions restées sans réponse, tous ces maux s’évanouissent avec le profond baiser que nous échangeons, baiser qui scelle notre amour et nous fait définitivement intégrer que nous sommes vraiment fait l’un pour l’autre, nous faisant par la même comprendre qu’un jour, quoi que nous fassions, nous seront à nouveau réunis.

Nous pourrons enfin profiter de cet amour qui ne demande qu’à être partagé tous les jours jusqu’à notre dernier baiser, notre dernier souffle, afin de le rendre encore plus fort, plus intense pour que même la mort ne puisse y mettre fin, ainsi, que ce soit en enfer ou au paradis, nous pourrons continuer à nous aimer, pour l’infini et au-delà.

Nous passons les premiers jours à visiter la ville et ses monuments, sans jamais nous lâcher la main, nous jetant continuellement des regards amoureux, le sourire illumine à nouveau son visage et ses yeux brillent de milles feux, la rendant encore plus belle, belle au point que je suis obligé de faire une mise à jour de ma mémoire, me mettre de nouvelles images d’elle dans la tête.

Elle semble tellement heureuse que même les traces laissées sur son visage par les deux mois épouvantables qu’elle a vécu s’estompent aux fils des heures que nous passons ensemble à laisser vivre pleinement notre amour, amour tellement rayonnant que si Roméo et Juliette n’avaient jamais existés, je crois bien que les personnes qui nous ont croisés durant ces jours auraient donné vie à cette grande histoire d’amour.

hé oui, vous avez bien devinés, c'était bien ma tite love

et j'ai pris un réel plaisir à la prendre sous toutes les coutures

 

Pour en revenir au voyage, même avec les 20 euros payés pour un visa express, celui-ci se fait désirer et je l’attends toujours.

Malgré le fait que nous nous sentons vraiment en Europe, le pays nous réserve quelques surprises gastronomiques comme ses brochettes de moules panées, sa sauce à salade avec du jus de grenadine et son lait fermenté que tout le monde boit avec gourmandise. Nous croisons très souvent des Roms en train de faire la manche ou essayant de vendre des fleurs pour gagner leur vie, les personnes âgées et plutôt démunies trouvent facilement à manger car les fast-foods leur donne un petit sandwich quand ils le demandent.

De nombreux portraits d’Ata Türk ornent les murs des établissements, un homme qui à fait basculer la Turquie dans le monde moderne, mais je ne sais vraiment pas s’ils ont humainement gagné au change. La langue turque est vraiment très atypique et malgré le fait qu’il s’agisse d’une langue latine, nous avons toutes les peines du monde à nous faire comprendre au point qu’une envie de petit dessert sucré se transforme au final en pain avec du fromage, juste pour vous donner un exemple.

Nous logeons dans le cartier de Kadikoy, cartier des restaurants et des marchés en tous genres, dans un hôtel qui se révèle être un hôtel de passe car il y a un va et vient de couples et de prostituées avec leurs clients qui louent une chambre une heure pour s’y ébattre, ce qui égaille les moments où nous sommes dans notre chambre car les murs ne sont vraiment pas très épais dans le coin 

(heureusement que je suis avec Isabelle sinon avec le manque, je serais devenu soit complètement frappadingue où alors en prise avec des crises de priapisme aiguës qui ne serviraient malheureusement à rien )

aussi fort que les Marocains dans le décor des assiettes

comment résister aux douceurs de ce monde

marcher haut en couleurs et odeurs, on s'y croirait

 

Après quelques jours de vie commune, nous retrouvons des gestes oubliés, comme de se faire joli ou se parfumer pour plaire à l’autre, ce qui nous a poussés à courir après des vendeurs de parfums et découvrir qu’ici on peut trouver dans certains endroits, et pour un prix dérisoire, de vrais parfums qu’ils vendent sous la forme de flacons de démonstration qu’ils doivent sûrement racheter aux parfumeries car dans celles-ci on ne peu jamais tester un parfum faute de testeurs.

Nous retrouvons aussi nos discutions sans fins qui quand nous sommes dans un restaurant se transforme en véritable guerre contre les serveurs qui nous chipent nos verres à moitiés finis sans que nous les voyions faire et moi je retrouve mon reflex de chercher du regard ma petite Isa quand elle disparaît de mon champ de vision ou quand je ne sens plus sa main dans la mienne.

Ces quelques jours de paradis, de vie de couple m’emplissent tellement de plaisir et de bonheur que j’en oublie carrément que cela va bientôt finir, seul le regard parfois triste d’Isabelle me ramène à cette réalité qui nous attend depuis quelques jours, qui nous attend dans quelques heures alors que nous passons  notre dernière soirée ensemble, cette dernière soirée avant je ne sais pas combien de temps, ces derniers instants de bonheur où Isabelle ne peu plus retenir ses larmes en pensant à demain.

Nous nous sommes quitté la première fois un 8 mars, la journée de la femme, nous nous sommes retrouvés exactement 365 jours après notre départ pour ce voyage et nous allons encore une fois être séparé, plus par ce qu’elle a appelé l’appel du ventre mais durant le week-end de la fête de Mères, drôle de coïncidence, drôle de vie où bonheur intense et tristesse profonde se suivent et se mélange, où rires et larmes ne font plus qu’un, où Isabelle et David ne font plus que DavIsa

nous avons découvert le secret des poissons encore vivant sur les étales, ils piochent de temps en temps dans le bac plastic bleu de petits poissons vivants qu'il déposent sur les autres

quand les Mosquées sont trop petites, on prie à l'extérieur sur des tapis

aussi étrange que leur langue, le Balama

 

On a beau dire qu’hier est de l’histoire, que demain est un mystère et qu’aujourd’hui est un cadeau et que c’est pour cela qu’on l’appel présent, ces derniers instants sont teintés d’un voile gris qui nous empêche de vivre pleinement cet ultime moment où nous sommes encore réunis et malgré le fait que nous sachions l’un et l’autre que nous allons nous retrouver, nos cœurs se serrent au moment où nos lèvres se rencontrent pour se dire au revoir, pour se dire combien on s’aime et combien le temps va nous paraître sans fin l’un sans l’autre.

Ce baiser nous coupe du monde, comme si le temps c’était à nouveau arrêté, malheureusement que pour nous car la fermeture des portes du bus nous ramène à notre réalité, nos lèvres se séparent elles aussi et Isabelle prend place dans le bus, s’assoit contre la vitre, vitre qui empêche nos mains de se toucher une dernière fois avant la prochaine fois.

Le moteur ronronne et le bus se met en mouvement, doucement, éloignant gentiment de moi la femme que j’aime avant de se stopper devant le feu rouge de la gare routière, encore un moment pour nous, un moment où nos yeux parlent à notre place en lançant des je t’aime silencieux puis le feu passe au vert, l’un et l’autre levons la mains en même temps pour nous dire adieu avant que le bus ne la fasse disparaître dans le lointain.

je ne me sent plus aussi bizarre depuis que je les ai croisé

 

Hier est de l’histoire heureuse, aujourd’hui est un présent triste car là voilà partie, nous voilà à nouveau seul, moi j’ai pris la décision de continuer mon voyage et elle a décidé de continuer à affronter son nouveau monde, d’essayer de cohabiter avec lui le temps que nous nous retrouvions à nouveau, dans un mois ou un an, pour un temps ou pour tout le temps? aucune idée car demain est un mystère… mystère que je me ferais un plaisir de vous dévoiler si je reçois enfin mon visa 

(je vais déjà vous en livrer un, voilà pourquoi j'ai pris cette décision) 

 

20 mai 2009

Le site Internet pour la demande des visas iraniens indiquait qu’il fallait compter entre 7 et 10 jours pour son obtention, qu’il était possible de l’avoir plus rapidement à condition de payer plus cher, ce que j’ai fait, juste histoire de ne pas trop perdre de mon argent dans cette ville, et me voilà baladé dans le temps à vider involontairement mon compte en banque pour n’avoir au final qu’une permission de me balader sur la planète, notre planète, heureux nomade de Mongolie chez qui il n’existe pas de droit de propriété terrestre car ils le savent, eux, que la terre appartient à tous, que nous ne sommes que de passage.

Voilà déjà 33 jours que je suis bloqué à Istanbul dans l’attente de ce foutu visa iranien, 33 jours, juste assez pour avoir l’impression de m’être sédentarisé à nouveau, bien trop longtemps à mes yeux car j’ai à nouveau pu ressentire que le monde est tel que je l’avais laissé, toujours dirigé et gangrené par l’argent, que les rues sont toujours emplies de mâles aussi cons que leur coupe tectonique et de clonasses sur-maquillées d’où ne transparaît plus aucunes émotions véritables.

La rue est pleine de pantins qui marchent sur le même rythme, à la même cadence, avec le même regard vidé de toute substance, allant tous dans la même direction, vers le même but, vers la même fin, comme une impression de globalisation où le cervelas helvétique deviendrait interdit en suisse faute d’ingrédients non voulut par des gens venus d’ailleurs.

Je retrouve ce monde européen, soit disant civilisé et moderne, soit disant intelligent et cultivé alors qu’il n’est toujours pas capable de désamorcer les conflits sans brutalité, comme des bêtes, non, pas comme des bêtes car les Bonobos eux on su intelligement réglés le problème définitivement et de charmante manière, sont t'ils plus intelligent que nous? surement.

un peu de couleurs dans un monde de brutes

bel étalage de légumes et beau gaspillage d'énergie

 

J’ai vraiment l’impression de vivre un remake du film The Wall des Pink Floyd et plus les heures et les jours passent, plus je suis horripilé et plus je suis heureux d’avoir prit la décision de ne plus accepter cet état de fait et de commencer enfin à vivre, vivre autrement et cela malgré les souffrances que je ressens ces jours-ci quand je suis dans cet état d’attente, souffrance du manque de mon tit bout de femme, souffrance de la souffrance qu’elle vit ces jours-ci.

Souffrance ressentie aussi par les images et nouvelles que je vois défiler depuis beaucoup trop de jours sur le petit poste de télévision qui meuble ma chambre d’hôtel, souffrance que je ressens en voyant ce monde qui s’assombrit au fur et à mesure que le temps passe, ce monde qui détruit sa planète et son monde à petit feu, lentement mais inexorablement, ce monde qui ne voit que son nombril et son porte-monnaie.

Cette civilisation que j’espère voir rapidement suivre le même chemin qu’on pris toutes les civilisations qui l’on précédé, arrivées à leur apogée, elles disparaissent à jamais, ne laissant que quelques traces sous une couche de sable ou dans les pages d’un livre d’histoire, quelques lignes qui diront, je l’espère, que se fut la dernière civilisation humaine qui osa croire pouvoir vivre au dessus des lois de Mère nature et de la vie.

Ces quelques lignes sont bien sombres et ne sont que le pâle reflet des idées encore plus sombres qui hantent mon esprit quand je suis en cage, serais-je devenu un lion en cage ? non, le lion est lui résigné et léthargique, je dirais plutôt un tigre enfermé dans un sac en papier, prêt d’un coup de pattes à déchirer ce rempart, ce mur de fumée ou de chimère qui le sépare de la liberté et de la vie.

Une envie d’extrémisme naît petit à petit au fond de moi, comme une envie de crier d’horribles choses pour réveiller les gens. Voilà, maintenant que j’ai pu cracher mon venin, tremper ma plume dans du vitriol et me défouler de mon manque de liberté et de paysages qui défilent sous mes coups de pédales, je peux enfin vous parler un peu de ce pays, où plutôt de cette ville car le pays m’attend encore. 

quand la nature cohabite avec la ville, un petit coin de paradis dans la cité

des billets de loterie et deux lapins pour la chance, en douterait t'il ?

 

Je vous parlais de leurs regards, chose très surprenante, ils ont les cheveux noirs et les yeux d’un bleu éblouissant, lointain souvenir d’Alexandre le Grand ou mystère comme l’est le bleu d’Egypte ?

Une bonne partie de la population citadine est en surpoids (voilà une idée pour mettre fin à la faim dans le monde, interdisons le surpoids, cela nous permettrait de nourrir le reste de la planète ) Les chiens et les chats sauvages sont en grand nombre dans la ville (comme les clochards) et son plutôt bien acceptés (je parle évidement des animaux là) car ils dorment étalés de tout leur long au beau milieu des trottoirs sans être dérangés.

A plusieurs reprises je vois des goélands venir quémander de quoi manger devant les portes d’entrées des différents magasins alimentaires du quartier, ce qui me laisse penser que les animaux ont l’air d’être bien mieux acceptés que les clochards et les Roms d’Istanbul qui ont vu leurs maisons rasées pour être remplacées par des HLM, ne leur laissant plus qu’un tas de débris sur lesquels ils essayent à présent de vivre, pardon, survivre.

Le pays est sous le joue de la censure car aux fils de mes visites sur la toile, j’ai constaté que plusieurs sites connus à travers le monde (Youtube pour ne pas les nommer) sont innavigable, quand vous cliquez sur le lien, vous avez une page qui vous indique que le site est censuré et interdit d’accès. J’ai aussi le plaisir de retrouver mes toilettes turques, mais il y a une grande différence avec celles que j’ai connue auparavant en Tunisie ou en Egypte, ici elles sont bien plus propres et il y a enfin des portes papier toilette, malheureusement sans papier, ils doivent sûrement à mon avis s’en servir comme porte habits, donc retour au nettoyage manuel 

(si avec ces quelques lignes notre site est pas censuré, c'est qu'ils ne savent pas lire le français )

les passants les contournent, moi je les photographies

petit clin d'oeil à mes professeurs de turc qui depuis 33 jours me bourre de sandwitchs et kébab en tout genre

chant plaintif des habitants de la mer (étalage de turbo)

 

Plus qu’une nuit à passer et demain matin je retournerais à l’ambassade quémander ce visa qui m’a été accordé déjà depuis plusieurs jours, en espérant que cette fois ils ne me diront pas comme la dernière fois, de repasser dans 2 jours, avec comme regret, que tout ce temps perdu pour rien me prive de voir une chose qui me tenait à cœur, une beauté géologique à Nierapolis, au sud du pays, car j’ai prit un mois de retard sur les saisons et si je ne veux pas me retrouver sous la neige quand je serais au sud de l’Iran, il ne me reste plus qu’à tracer une ligne droite de près de 2'000 kilomètres jusqu’à la frontière et essayer de rattraper le temps passé, passé à patienter, passé à piétiner.

Je n’ai plus qu’un espoir, l’espoir que ce pays me surprenne enfin, l’espoir que les campagnes que je vais traverser me feront oublier cette ville et ses nombreux clochards, cette société avec ses travers et ses maux, quelles me redonneront l’espoir ou l’illusion d’un homme meilleur, d’un monde meilleur, mais cela est vraiment une autre histoire que je tâcherais de vous faire vivre différemment, sans travers et sans maux mais avec mes mots…

en voilà un qui ne se pose pas de questions et qui a du coup bien moins de soucis que beaucoups d'entre nous

PS. Voilàààà, je viens de sortir du consulat iranien et après 33 jours d’attente, 1650 lira turcs d’hôtel (~1250.- CHF), 120 euros de frais de visa, 8 trajets en bateau, une 15 aine d’émail, environ 2 heures d’attente et de paperasserie, et évidement un compte bancaire cette fois vide, la chance est enfin avec moi, ils ne m’ont pas dit de repasser dans deux jours… mais de repasser DEMAIN… Situation Ubuesque? non pire Kafkaïenne... Heureusement que patience est mère de vertue

 

3 juin 2009

Après une dernière soirée à m’instruire en découvrant l’histoire de Harun Yahya, un turc qui à prit la voie du créationnisme et qui édite un atlas de la création qu’il distribue dans beaucoup d’écoles et particulièrement en Belgique ? (ceci est une question de choix ou de religion, pour ma part j’y vois un danger et préfère de loin la voie de Charles Darwin, plus communément appelé la théorie de l’évolution qui ré-insert l’homme dans le monde des animaux )

Je retourne donc au petit matin à l’Ambassade d’Iran pour la x ième fois et y fait la rencontre d’Isabelle et Humphrey, deux globecycleur qui connaissent eux aussi des problèmes pour l’obtention de leurs visas et enfin je reçois mon laisser passé, demain matin je pourrais reprendre la route avec un plaisir non dissimulé. Je profite de cette dernière journée pour refaire mon stock de nourriture pour les prochains jours et pour dépoussiérer mon vélo qui attend gentiment depuis 35 jours de pouvoir donner de la roue.

mon vrai premier campement turque

je croise de nombreux lac et le paysage est très hélvétique

 

Le soleil se lève doucement sur Istanbul et grimpe dans le ciel comme grimpe le sourire qui illumine mon visage à l’idée de reprendre la route, mais la sortie de cette ville gigantesque ne fut pas des plus aisée car les panneaux d’indications sont plutôt rares et ces trop nombreux jours de repos forcés ont donnés de bien mauvaises habitudes à mes muscles qui ne tardent pas à ce faire entendre des les premières montées qui jalonnent ma route pour retrouver cette liberté tant attendue. La suite ! J’ai deux possibilités de l’écrire.

La première donnerait : Nom de dieu que la Turquie est tout sauf plate et j’aimerais bien croiser les personnes qui ont tracé cette route D100 car depuis le début de mon voyage, je n’ai jamais connu pareille pentes si abruptes, suivit de descentes toutes aussi impressionnantes qui ne font qu’annoncer les montées suivantes et à peine la première journée passée, j’ai les muscles des jambes en compote et le fessier aux abois.

De quoi faire redescendre rapidement le sourire que j’avais le matin au départ, le seul coté positif de la chose, j’emplois enfin toutes les vitesses que j’ai à disposition sur mon vélo et j’élimine à grandes sueurs toutes les toxines que j’ai accumulées à Istanbul.

Mustafa reçois beaucoup dans son petit coin de paradis (le plus grand au centre)

Mustafa et son fils oğan (prononcé Ossane)

au petit matin il relève ses pièges à poissons

 

La deuxième possibilité est bien plus optimiste et belle tant durant ces deux semaines les paysages rencontrés sont à couper le souffle et, pour agrémenter le tout, moi qui pensais avoir rencontré le summum de l’hospitalité en Égypte, et bien je suis bien loin du compte car je suis accueilli comme un petit roi à chacune des mes haltes ou petites poses que je m’octroie dans la journée.

A mon premier campement, c’est 3 alcooliques qui viennent ce greffer sur mon temps et puisent avec appétit dans mon repas du soir et au petit matin c’est avec le blues et l’estomac pas très plein que je reprends la route, route qui me réserve de bien mauvaises surprises sous fourmes de chiens, non, de gros chiens méchants aux babines retroussées qui ne demande qu’à me piquer un petit bout de mollet.

Heureusement pour moi, mon " essaye seulement" lâché d’une voix sèche et sur de moi les arrêtent dans leurs cours et les figent sur place, à quelques mètres seulement de mes mollets. La chance est pour le moment de mon coté, mais ne voulant pas trop tirer le diable par la queue, je mets mon couteau à portée de main pour le jour où cela ne suffirait pas à en arrêter un qui ira au bout de sont envie de me croquer.

le container qui lui sert de maison

encore une nouvelle visite, ceux-ci prépare le déjeuner

 

Après mes premières frayeurs canines, la fin de la journée fut bien plus plaisante car en passant sur un pont enjambant une rivière, je vois de là haut un joli petit coin de paradis qui fera très bien l’affaire pour y passer une bonne nuit réparatrice.

C’est alors que je fais la connaissance de Mustafa et son fils Oğan qui me font passer un de ces merveilleux moments de vie où je peux pleinement profiter de mon voyage et des surprises qu’il m’offre en découvrant une autre manière de vivre dans cette société moderne, celle de Mustafa, sans électricité et eau courante, vivant dans un container et ayant pour voisine une rivière, un homme pauvre, mais tellement vivant et heureux de vivre qu’il émane de cet homme une aura qui fait du bien à l’âme de quiconque l’approche.

C’est avec peine que je les quitte le lendemain matin alors qu’il est déjà bientôt midi car il insiste pour que je reste un jour de plus. Quelques heures plus tard je trouve refuge pour la nuit chez un vieil homme tout aussi pauvre qui partagera avec moi son unique repas du jour, une soupe composée de restes en tout genre et de gros morceaux de pains qui trempent pour se ramollir de plusieurs jours d’existence et c’est avec un réel plaisir que je partage avec lui mes dernières dattes de tunisie.

Sadettin (au centre) m'a fait découvrir le coté culinaire de la Turquie

mes appartements d'une nuit, beaucoup d'espace pour moi tout seul

 

En enfourchant mon vélo ce matin là, je ne m’attendais vraiment pas à vivre une journée si pénible car ces trois jours d’essais d’une nouvelle selle n’ont fait que d’entamer mon cuir fessier et voilà que je suis obliger d’entreprendre ma première épreuve turque, une montée de 30 kilomètres, entrecoupée de petites descentes qui ne font que me faire mal à l’idées de la méchante pente qui m’attend derrière, encore un peu plus pentue que la précédente, m’obligeant à passer sur la plus petite vitesse des 27 que compte mon compagnon de voyage.

Commençant la grimpette en début d’après midi, 4 heures plus tard je n’ai réussi à parcourir que la moitié de cette montée sans fin et c’est complètement épuisé, lessivé que je m’arrête dans un restaurant que je croise. J’y fais la connaissance du patron, Sadettin, qui succombe au charme de mon histoire et me fournit gratuitement un repas somptueux composé de grillades en tout genre afin de me faire découvrir les joies culinaires de son pays.

Il est 19 heures quand les portes du restaurant ferment et Sadettin me laisse ouverte une des salles à manger de son établissement pour que j’y passe la nuit à l’abri du vent. Me voilà seul dans ce grand local et peu de temps après, je sombre dans un sommeil bien mérité. Complètement retapé par une bonne nuit de sommeil et l’estomac à nouveau comblé par mon hôte.

Je repars tout guilleret pour la fin de cette montée, mais mes 5 jours d’effort continuels auront raison de mon endurance et je décide de mettre fin à mon calvaire physique dans la ville de Bolu et d’y prendre une journée de repos que je passerais à flémer sur mon lit tout en essayant de soigner mon postérieur douloureux.

voilà le genre de nouvelle qui me coupe les jambes

vraiment colorée les mosquées de montagne

des rododindrons sauvages (j'ai surement du faire une faute d'orthographe la)

 

Mon jour de repos passé, me voilà repartis pour affronter les 7 derniers kilomètres de montée avant de profiter les jours suivant de belles descentes, juste entrecoupé de petits béquets de quelques 100 aines de mètres mais avec une inclinaison de 5 à 10 degrés, juste de quoi me faire transpirer avant de pouvoir profiter de splendides paysages qui se cache derrière celle-ci.

Me voici sur un plateau à plus de 1000 mètres d’altitude et ma première nuit fut froide, très froides, à peine le soleil caché derrière une colline que la température plonge pour se stabiliser au alentour de 2°, autant vous dire que la cérémonie du déshabillage pour se coucher et le rhabillage du matin ce fait à la vitesse grand V, juste histoire de garder un peu de calorie pour se réchauffer les extrémités.

Ceci dit, à température froide cœurs chauds et je fais la connaissance d’une bande de motards qui stop à mon campement et l’un deux, Yannus, patissier de son état, nous quitte un moment et reviens peu de temps après avec une collection complète de biscuit en tout genres, de quoi me faire découvrir une bonne partie de celle qu’on trouve en Turquie.

vraiment une petite suisse

et de très beaux coins sauvages, propices au repos de l'âme

joli, mais ça grimpe vraiment beaucoup

 

En sirotant mon café ce matin là, mes yeux se perdent dans un beau paysage où le soleil vient y déposer ses premiers rayons, mais une chose me tracasse et je n’arrive pas à mettre le doigt dessus et ce n’est qu’une heure plus tard que je capte le message, cela fait plusieurs jours que je traverse de beaux endroits, mais plusieurs jours qu’il manquait dans le tableau un petit détail, il n’y a pas de clôtures, des centaines de kilomètres parcourus et aucunes clôtures de vue, rien que de grands espaces libres de toutes démarcations humaines.

ma route est sillonnée d'arrêt où on me sert le thé

side-car russe, il y en a beaucoup dans le coin

petit campement impovisé dans un petit cabanon, juste avant l'orage

 

Les paysages croisés me font penser à ceux des cantons du valais ou du jura en suisse, pleins de collines arborisées mais sans les clôtures mais au 8ième jours, tous les arbres disparaissent pour laisser place à de grandes étendues de prairie et toujours aucune clôture, comme si je traversais une partie de la Mongolie. En arrivant à Ilgaz, tout change à nouveau, je retrouve les montagnes arborisées et en m’enfonçant dans la vallée qui me mènera à Osmancik.

Je découvre mes premières rizeraies qui jalonnent le fond de la vallée et qui sont alimentées en eau par la rivière qui serpente celle-ci. Qui dit eau stagnante dit… MOUSTIQUES… et mes premières hordes de moustiques affamés font leurs apparitions mais comme un homme avertit en vaut deux, j’ai un reste de spirales anti-moustiques d’Égypte qui m’évite de passer pour le plat principale de la soirée.

Malheureusement elles ne sont pas assez puissantes pour empêcher les gendarmes de débarquer dans mon campement alors que je cuisinais et ceux-ci de m’apprendre que je n’ai pas le droit de camper dans les bois et que j’ai une heure pour plier baguage malgré l’orage imminent.

2 heures plus tard je trouverais refuge dans le petit cabanon d’un restaurant au bord de la route, un peu mouillé, mais content de me poser enfin. En me réveillant, je suis tout souriant car il ne me reste plus que 45 kilomètres à parcourir et je pourrais enfin prendre 2 vrais jours de repos à Osmanick, mais surtout me laver car cela fait 5 jours que je n’ai pas pu prendre de douche et je commence sérieusement à sentir le fauve 

les cygognes sont ici aussi nombreuses que nos moineaux

je ne m'attendais pas a voir des rizières dans la région

très vieille maison construite sur un ancien rempart

 

Comme pour ne pas trahir l’idée que je me fais de la Turquie, je suis arrêté en chemin par de vieux hommes assis sur les tabourets d’un café bordant la route et suis convié à les suivrent dans une salle communale, juste sous la mosquée. A l’extérieur plusieurs personnes brassent de grands chaudrons, certains remplis de riz, d’autres de soupe ou de viande, puis j’entre dans la salle et y découvre un petit volume, environ 20%  du volume, départagé du reste de la salle par un rideau léger, le coin réservé aux femmes. Le repas fût excellent et le dessert tout autant.

J’arrive enfin à Osmanick et mon arrêt dans cette ville ressemble à tous les haltes que je fais depuis près de deux semaines, à peine posé, on me bombarde de questions, toujours les mêmes, nationalité, mon age qui en surprend beaucoup, si je suis marié et si j’ai des enfants, ensuite pourquoi je fais ce tour du monde et pour finir, nouveauté turque, comment je fais question sexe, (ils ont l’air plutôt obsédés par la chose) puis thé et petites choses à grignoter me sont offert, cette fois je goûterais aux Poids-Chiches grillés, très goûteux, un peu sec, mais avec une bonne tasse de thé tout passe très bien.

après le riz, le pavot, mais aucun labo en vue

encore une petite photo de cygognes, je craque

mon arrivée à Osmanick et son pont de 600 ans d'âge

 

En deux semaines c’est à peine si j’ai pu sortir mon argent tant les Turcs sont hospitaliers avec les voyageurs. Très souvent le bonjour du départ ce fait très simplement mais après leur avoir raconté une partie de mon histoire, l’adieu est tout différent, non seulement on me sert la main mais en plus un simulacre d’embrassade m’est accordé car en me serrant la main beaucoup viennent poser leur front un coup sur ma tempe droite et un coup sur la tempe gauche et parfois certain embrasse ma main et ça j’ai pas encore compris la signification.

En parcourant la ville dans la recherche d’un hôtel bon marché, je suis arrêté par Erol et Hüsseyin, les patrons d’une quincaillerie, pardon, d’une caverne d’Ali Baba…

l'une des 4 cavernes d'Ali-Baba de Erol et son frère Hüsseyin, on y trouve vraiment tout, de la tronçoneuse en passant par les bottes de pêches et la brosse pour WC

 

...mais cela est une autre histoire que je vous raconterais lors de ma prochaine halte, à Erzurum, enfin si j’arrive à grimper sur un plateau culminant à 1800 mètres et franchir un col à plus de 2100 mètres d’altitude…  

 

13 juin 2009

Durant les trois jours de pose que je m’accorderais à Osmancik, je fais la connaissance de Koç Müslim, un lutteur qui a participé aux jeux olympiques, je retrouverais à plusieurs reprises Erol et Hüsseyin avec qui je partagerais de bons moments, Erol, le plus jeune des deux frères me fera partager sa passion pour les chevaux de trot turcs et me présentera sa bête de course à lui, quand à Hüsseyin, lui est plutôt branché Moto.

Cette petite ville est très charmante et vraiment d’un calme Olympia, un vrai petit bijou pour s’y reposer et profiter de m’occuper un peu de moi en profitant de tester le Kuaför salonu (salon de coiffure, ceci dit, kuaför ce prononce exactement comme chez nous, coiffeur, vous comprendrez maintenant pourquoi j’ai eu des problèmes à me faire comprendre au début, surtout quand t’on sait que le C se prononce comme un J, qu’un ç se prononce tch et j’en passe des meilleurs) et de découvrir leur manière de supprimer les poils des oreilles à l’aide d’un coton tige enflammé.

je découvre aussi en oscultant le tas de cheveux au pied de la chaise que j’ai vraiment choppé beaucoup de cheveux blancs en quelques mois, je dois me faire vieux à première vue .

Plus les kilomètres me séparent d’Istanbul et plus je trouve une vie bon marché, passant d’un thé parfois à 3LT (lire turc) à moins de 0,50 LT dans la région, idem pour le Kebab poulet que je trouve ici à 1,5LT (environ 0,70 Euros) Les températures sont en net hausse et dépassent souvent les 30°c, enfin fini les fraîches nuits à 2°c, je peux ranger ma veste d’hiver sans prendre le risque de me retrouver congelé au petit matin.

Depuis mon départ de la capitale financière, je n’ai croisé aucuns touristes à l’exception de gros 4x4 allemands qui me dépassent sur la route en roulant en convoi. Après près de deux semaines de montées infernales, ces trois jours m’on fait le plus grand bien et je suis complètement remis d’aplomb et frais pour la suite de mon voyage.

Au dernier soir alors que je suis encore avec les deux frères quincaillier, nous voyons passer Michael, 32 ans, et son vélo qu’il appel "Klara", un Anglais travaillant à Istanbul comme prof d’anglais et qui voyage en vélo pendant quelques semaines. Nous le stoppons et Hüsseyin en profite pour nous payer un excellent repas du soir, repas d’adieu, et nous faire découvrir sa ville de nuit avant que nous ne reprennions la route.

Au petit matin, ayant donné rendez-vous à Michael devant la quincaillerie, nous nous retrouvons à siroter un dernier thé avec le deuxième frère qui lui nous offre une lampe de poches juste avant que nous le quittions.

Erol et son pur sang turc

Michael et Klara et sur la Moto Hüsseyin et Erol et leurs employés

Nous voilà fin prêt pour le départ

 

Haaa, quel plaisir de pédaler à deux, de pouvoir à nouveau discuter en pédalant, enfin pendant un moment car un col à 950 mètres d’altitudes nous attend droit devant et avec ma charge, je ne peux plus causer durant la montée sous peine de me retrouver avec un point de coté et de ne plus pouvoir pédaler. L’ascension fut vraiment plus aisée que prévu, le fait de la faire à deux aides vraiment beaucoup, quand l’un peine un peu, le deuxième l’aide psychologiquement et la machine redémarre.

Après plusieurs heures d’efforts, nous voilà arrivé au sommet, puis une belle descente nous attend avant de chercher un petit coin pour poser nos tentes et passer une soirée qui fut venteuse comme il y avait longtemps que je n’avais pas vu, ma tente sous la force du vent passe d’une hauteur de plus d’un mètre à 20 cm sous les coups de boutoir du vent, peu importe, ce soir pas de moustiques et la soirée sera vraiment emprunte d’amitié et de discussion très intéressante et tout cela au pied d’un petit lac, sous les étoiles et le chant des grenouilles, une journée et une soirée que je n’oublierais pas de sitôt.

Au petit matin, une mauvaise surprise nous attend, le ciel c’est complètement couvert et nous laisse juste le temps de déjeuner en paix et plier bagages avant qu’il ne lâche sa colère sur nous. Après10 kilomètres sous une pluie battante, nous voilà arrivés à un croisement, celui qui mettra fin à notre rencontre, nous devons nous séparer car Michael, malgré une très longue réflexion et beaucoup d’hésitations, choisit de suivre le bord de la Mer Noir comme prévu et de ne pas prendre la voie que moi j’ai choisit.

Celle que je préfère de loin, les endroits moins touristiques, plus vrais et plus sauvages, ceux où tout le monde crie à mon passage "touriste" tellement ils sont rares à passer par-là, à traverser le pays, en pleine terre, et c’est avec un petit pincement au cœur que je le regarde bifurquer et s’éloigner doucement au rythmes de ses coups de  pédales, me voilà à nouveau seul, prêt à continuer pour l’infini et au-delà. (Ce fut un réel plaisir de faire ta connaissance et de partager avec toi ces quelques tours de roues et ces précieux moments.

A bientôt j’espère, mon ami Michael, que la chance et l’amour soit avec toi)

après bien des efforts, nous voilà au sommet à 960 mètres

notre petit campement d'un soir, un réel plaisir

le petit lac que nous quittons au matin avant l'orage

 

La fin de la journée se passa sans problème et à nouveau sous le soleil. En fin d’après midi, après avoir été invité à boire un thé au bord de la route par un homme qui me déclare après 5 minutes être homosexuel et tient absolument à ce que je passe la nuit chez lui, j’arrive enfin à repartir et trouve quelques kilomètres plus loin un coin où poser ma tente.

Je commence à freiner doucement pour prendre le petit chemin quand soudain j’aperçois mon dragueur qui voulant tenter une deuxième chance m’a dépassé en voiture et m’attend malheureusement exactement au croisement ou j’allais prendre mon petit chemin de travers.

Saluant son courage et sa persévérance mais mettant fin à son espoir en lui expliquant tant bien que mal que je suis un homme fidèle, je laisse malgré moi le petit coin que j’avais choisit et décide d’en trouver un autre plus à l’abri, où je pourrais dormir sur mes deux oreilles et sur le ventre sans prendre de risque .

La vallée étant très encaissée, difficile de trouver de quoi mettre ma tente et ce n’est qu’à dix mètres de la route que je trouve un petit endroit pour m’y poser. Un peu trop proche de la route à mon goût et malgré les arbres un peu trop à découvert. Craignant une troisième tentative, je me fais un campement de guerre, me protégeant de la vue d’autrui par des branches de sapins que je mets devant mon vélo et ma tente.

Très efficace car à peine le temps de finir mon camouflage qu’une voiture de police décide de faire un tourné sur route exactement au niveau de ma tente et repart en sens inverse sans n’avoir rien vu. C’est la que les problèmes on commencé…

Je constate le vol dans la journée de ma lampe frontale et de la lampe avant de mon vélo et vu les nombreuses montées très raides, je voyage avec le minimum de vivres afin de m’alléger au maximum, et alors que j’étais en train de me faire cuire mes dernières pâtes, au moment où je les égouttaient, paf, mauvaise manipulation et mon repas fini sur le sol. Pas le choix, je n’ai rien d’autre, je dois les ramasser et les manger car le prochain villages est à plus de 20 kilomètres et je n’ai plus la force ni la volonté d’y aller m’approvisionner.

Pour arranger le tout, je suis sous des sapins, autant dire que j’ai autant de pâtes que de morceaux de sapins dans ma casserole une fois tout ramasser et l’orage menace, ne me laissant que peux de temps pour essayer de nettoyer cela avec le peu d’eau que j’ai à disposition. Ce soir là, je mangerais des pâtes froides, mais les plus croustillantes de ma vie 

deux petites branches posées et ma remorque disparait presque la nuit tombée

pâtes au sapin, bonjour le nettoyage pièces par pièces avec seulement 2 dl d'eau que j'avais en trop, heureusement sinon pas de souper

 

Les jours suivants ne sont que transpiration et montées, la chaleur est presque étouffante mais heureusement pour moi les paysages sont toujours aussi splendides et les nombreuses espèces d’oiseaux turcs de toute beauté, oies, cigognes, Martin pêcheur et j’en passe beaucoup. J’ai même croisé un oiseau que je n’ai jamais vu, une très grand échassier, un tout petit peu plus petit qu’une cigogne, tout de noir vêtu avec un ventre blanc et un long bec rouge vif, une vraie splendeur.

Entre Amasya et Erzincan (n’oubliez pas, le c se prononce J ) les villages se font de plus en plus rares et surtout ils sont très éloignés de la route que je serpente, ils sont plutôt posés à flanc de montagne, laissant un maximum de place dans la petite vallée pour l’agriculture qui se pratique ici encore beaucoup de manière manuelle et l’irrigation par une espèce de bisse est très courante. Je croise sur le bord de la route mes premiers serpents et mes premières tortues terrestres, malheureusement écrasées par les trop nombreux camion qui emprunte cette route.

Je croise toujours autant de ces gros chiens dont je sais enfin le nom, des Bergers d’Anatolie ou Kangal, ici ils les appels des Karabash, têtes noirs en français. (merci Tite Femme) Malheureusement pour moi, le plus grand danger ici ne sont pas ces chiens, mais des animaux bien plus petits et plus sournois, les tiques sont ici porteuses de maladies très dangereuses comme la maladie de Lyme, de l’Encéphalite (inflammation du cerveau) et pour finir de la fièvre de Crimée-Congo et à chacun de mes campements c’est une vraie guerre de chaque instant que de s’en protéger.

(chaussettes mise sur le pantalon, contrôle journalier des moindres parties de son corps et pour les plus aisés, insecticide répulsif, on en apprend des choses en parlant avec les gens du pays)

Mes journées ne se ressemblent jamais si ce n’est par les nombreuses propositions de boire le thé, que je dois souvent refuser sous peine de ne faire plus que 5 kilomètres par jour, et pour ne pas faillir, cette journée fut tout aussi surprenante que les autres, mais cette fois par la rencontre de Laurence et son cheval, pardon, et sa jument, une femme qui a déjà bien bourlingué dans le monde à dos de cheval et qui cette fois fait le voyage de Esfahãn (Iran) à Paris, soit près de 7000 kilomètres à faire en 6 mois. ( http://amazonedelapaix.blog4ever.com )

après le bleu, voilà les mosquées au toit argenté (aluminium)

une des nombreuses rivières qui jalonnent mon parcours

Laurence et sa jument, une rencontre plutôt imprévisible

 

Cela fait maintenant plus de 1'000 kilomètres que je fais à travers le pays et les clôtures sont toujours aussi inexistantes, les montées toujours aussi abruptes et malgré les nombreuses rencontres que je fais, la solitude doit commencer à me peser car je commence à me parler à moi-même, où alors au vent ou au soleil, aux animaux que je croise ou mon vélo, et le soir quand je suis dans mon campement, sous un ciel toujours aussi étoilé et des grenouilles toujours aussi chantantes sous une pleine lune d’argent, je me remémore les moments passés avec ma Tite femme à Istanbul, cela ne fait qu’un petit mois mais il me semble qu’une éternité c’est écoulé depuis ces précieux moments passés en sa compagnie.

Je n’aime pas ces moments de tristesse car le lendemain matin je broie du noir et ne vois que le mauvais coté des choses, ne voyant que des gens qui ne respect pas la nature en jetant leur détritus au sol ou en gaspillant inutilement l’énergie ou l’eau qu’ils ont à disposition en nettoyant quotidiennement leur véhicule.

En regardant cette débauche de lumières qui éclaire l’horizon lors de mes nuits sauvages et me revoilà à penser que la solution serait la suppression des grandes villes et leur population tant gourmande en énergie, de limiter la surpopulation en n’autorisant plus qu’un seul enfant pour tous les couples du monde, voir même des idées plus sombres en imaginant que la solution serait la disparition pure et simple des pays soit disant évoluer.

Ces 20% de la population terrienne qui à eux seul engouffre 80% de toutes les ressources de la planète, ces pays riches qui ne pense qu’à leur bien être (petit exemple, la Turquie bien plus pauvres que vous, emploie bien plus de système écolo comme des système de chauffage de l’eau à l’énergie solaire qui sont posés sur la plus part des maisons individuelles ou des ampoules économiques avec un détecteur de mouvement, des scooters électriques) toutes ces pensées me font ressentir une honte d’avoir été un européen, un civilisé qui a contribué à la destruction de son monde, et qui continue fièrement de le faire sans penser à demain.

Je maudit les politiques qui ne bougent pas ou tellement frileusement de peur du monde de l'argent, ce monde de riche où il existe des chômeurs qui sont payés à ne rien faire alors que l'on pourrait les employer à réparer notre monde. Maintenant je ne fais plus partie de ce monde, je ne veux plus jamais en faire partie, je ne ne peux plus que constater qu’où l’homme passe, la nature trépasse, je ne peux plus que me dire que demain, il est déjà trop tard, je ne peux plus qu’espérer vivre assez longtemps et pédaler assez vite pour pouvoir crier ma rage au maximum de gens qui voudront bien m'écouter et si possible voir une dernière fois notre monde tel qu’il à été et ne sera jamais plus.

voilà le genre de paysage que je côtoie tous les jours

un des nombreux bisses que je croise (système d'irrigation)

un de mes campements où un paysan vient me déposer des branches pleines de cerises

 

Je continue mon petit bonhomme de chemin et continue de croiser de simples gens, des bergers et des agriculteurs qui m’arrête et m’offre quelques cerises qu’ils viennent de cueillir ou des noisettes grillées au feu de bois qui sont excellente, (je vous conseille de faire un essai, vraiment succulent) de me faire arrêter par des ouvriers de la route qui me propose de me stopper quelques kilomètres plus loin, dans leur quartier général et d’y partager avec eux le repas de midi.

Où alors que j’étais proche de Erzincan, en train de peiner comme un diable dans une montée à en faire abandonner plus d’un, me faire stopper par un berger avec sa camionnette et qui me propose de me déposer dans la ville, m'évitant de faire ce col à plus de 2100 mètres, pleins de rencontres humaines et chaleureuses, de vraies rencontres.

Malheureusement il y a aussi les autres, celles que je n’aimerais pas faire, celle des individualistes ou comme par exemple le patron de ce restaurant à Erzincan, qui me montre fièrement ses photos de chasse et de pêche, je n’ai rien contre et suis le premier à pêcher et chasser pour me nourrir, mais la photo de l’ours qu’il a tué et qu’il me montre fièrement me reste encore sur l’estomac.

Önder et Ismail me font découvrir la vie des ouvriers de la routes, ici leur dortoir commun, une grande tente en pvc, bonjour la chaleur

idem pour le restaurant, mais comme les chefs y viennent manger, la toile est plus épaisse

leur repas d'un midi, soupe de reste, légume et pâtes froides, en sus un yahourt dans le coin a droite, nature évidement

 

Je me suis arrêté une journée dans cette ville où je vois mes premiers sommets enneigés alors que je ne suis qu’à 1300 mètres, juste suffisant pour que chaque personne que je rencontre me déconseille de me rendre à Erzurum, à près de 1900 mètres d’altitude, en empruntant la route avec mon vélo car les pentes y sont vraiment horribles et cela sera un véritable calvaire.

Comme je suis devenu un sage, le lendemain matin je me décide à tester le train turc pour les 160 kilomètres qui me sépare de cette ville hautement perchée. L’express est attendu pour 10h15 et n’arrivera que 3 heures plus tard. Il ne lui faudra pas moins de 4 heures, à la vieille locomotive diesel, pour parcourir les 160 kilomètres dans de somptueux paysages, qui au furent et à mesure que le train monte, deviennent lunaires, seul de l’herbe rase y pousse.

(et dire qu’ils sont en train actuellement de dépenser des 100aines de millions pour faire passer la route que j’emprunte depuis plus de mile kilomètres à une 2x2 voies pour pouvoir y faire passer plus de véhicule, plus rapidement au lieu de moderniser leurs trains, le monde n’est vraiment pas près de changer)

en cette saison, les fleurs couvrent les sols le barage est fermé pour cause de travaux et l'eau monte, monte, submergeant les ponts les montagnes se déboisent mais prennent de belle couleurs, passant du gris au rouge et au jaune

 

Peu de temps avant notre arrivée, un terrible orage éclate et certains éclairs viennent se fracasser à moins de 100 mètres du train dans une lumière aveuglante et un son terrifiant qui fait sursauter tous les voyageurs du train.

Me Voila arrivé à Erzurum, sous la pluie, mon altimètre indique 1878 mètres et 10 petit degrès, je trouve comme à mon habitude un petit hôtel pas cher où je vais pouvoir y rester quelques jours afin de laver mon linge, racheter mes lampes volées et finir de soigner mon pauvre petit derrière et surtout me résigner à jeter le superflu qui pèse tant et me pose tant de souffrance dans les montées.

Me résigner à me séparer de ce que je gardais précieusement depuis des milliers de kilomètres dans l’espoir de son retour, son assiette et ses services, notre super popote et tous ces assaisonnements pour deux personnes, son linge et son verre, toutes ces petites choses qui gardaient en moi un espoir intact, mais mon corps n’en peux plus, mon corps souffre et crie pitié car il sait que la suite sera encore plus dur, la réalité m’oblige à me séparer de ces petites choses si précieuse à mes yeux mais si lourdes pour mon corps.

J’ai deux jours pour le faire, deux jours pour trouver le courage de le faire et m’y résigner, deux jours pour trouver un autre endroit où placer cet espoir, deux petits jours pour essayer d’oublier à quel point elle me manque et me résigner à ne la voir plus que quelques fois par an.

Özgür et Burhan dans leur attelier de réparations de machines agricoles qui me payeront un bon déjeuner

petite photo que pour mon ami Pascal, un vieux système qui servait à remplir d'eau les vieilles locomotives à vapeur

un jeu inconnu pour moi, il se joue avec une centaines de dominos numéroté de 1 à 13 en 4 couleurs différentes, le tout agrémenté d'un dés, après une heure à les regarder, je n'ai pas pu en comprendre toutes les règles

 

Puis je vais reprendre la route pour l’infini et au-delà, essayer de franchir ce col à plus de 2300 mètres et parcourir durant 5 ou 10 jours les derniers kilomètres qui me séparent de L’Iran… mais cela est une autre histoire, histoire que je vous raconterais si je trouve de quoi me connecter une fois arrivé, après plus de 15'000 kilomètres, dans ce nouveau pays, le dixième…  

 

23 juin 2009

J’ai profité de ces deux jours à Erzurum pour télécharger le film "Home" de Yann Artus Bertrand (je vous le conseil vivement, vous pouvez le voir sur www.goodplanete.org, des images vraiment superbes) et je peux enfin me dire qu’il y a des personnes qui agissent comme ils le peuvent pour sauver la planète, et lui au moins garde un espoir car moi, concernant la planète, depuis que j’ai entrepris ce voyage, j’ai vraiment perdu tous espoirs, même mon optimisme légendaire n’a pas survécu face à ce que je vois tous les jours.

Mes derniers jours en Turquie me promettent de bien belles choses car je vais passer par de toutes petites routes et ne croiser que de rares petits villages où je ne pourrais pas m’approvisionner, donc je me charge de nourriture pour deux jours, de quoi tenir le temps de croiser une petite ville où je pourrais refaire le plein de victuailles et ainsi de suite.

Le matin de mon départ, je comprends enfin pourquoi les morceaux de sucres que je mets dans mon thé ne sont pas calibrés car je vois le propriétaire du café, assit sur une petite chaise, avec une caisse en bois entre les jambes où trône au milieu un socle sur lequel il découpe, à l’aide d’une petite hache, les barres de sucres pour en faire des morceaux, morceaux qui ont de la peine à fondre dans la tasse, raison probable pour laquelle les gens d’ici ne sucre pas leur boisson mais prennent directement le morceau de sucre en bouche et boivent leur thé par-dessus.

Umit et ses trois enfants, coupeur de sucre à ses temps perdus

En voilà une bien belle mosquée, vous ne trouvez pas?

 

Me voilà partis en commençant ma journée par une jolie montée, et un vent glacé est de la partie, un vent de face violent qui m’oblige à pédaler avec ma polaire et fait chanter ma bouteille d’eau chaque fois que je l’ouvre pour boire, plutôt cool après 4 jours de repos, surtout pour mes muscles qui sont encore froids, mais heureusement un long plat de plusieurs dizaines de kilomètres me permettras de récupérer de mes crampes et de profiter au maximum des paysages toujours qui sont toujours aussi splendides.

Après un arrêt forcé à Köprüköy pour cause d’un orage violent d’une heure et après avoir réussis à me débarrasser de la foule qui s’agglutine autour de moi de moi à chacun des mes arrêts pour me questionner et me proposer de boire un thé, je reprends enfin la petite route tant attendue en direction de Karayazi, la partie kurde de la Turquie avec leur dialecte propre. Malgré un temps maussade, je suis heureux de me retrouver sur cette route car cette fois je croise des curiosités de la nature sous la forme de pics abruptes surmontés par des blocs de granit, une vraie beauté et un ravissement pour mes yeux.

Malgré cela, la montée est vraiment très rude, m’imposant de nombreux arrêts, puis aux fils des kilomètres, je m’arrête tous les 200 mètres tellement ça grimpe sec, jusqu’au moment, où écroulé sur mon guidon à essayer de retrouver mon souffle et mes jambes, un 4x4 s’arrête à mes cotés et le chauffeur me propose de charger mon vélo pour parcourir les 15 derniers kilomètres de montées et de me déposer devant le seul hôtel de la ville. Je crois bien que c’est la première fois de ma vie que je suis heureux de monter dans un tel véhicule.

curiosité de la nature ces bloc de granit posés sur leur pied plus fragile

encore une photo de ces bloques, vraiment trop beaux et surprenant

voila un beau paysage, mais la montée fut rude

 

Pas le temps de décharger mon matériel de la voiture qu’une foule se rassemble encore autour de moi et il ne me faudra pas moins d’une heure pour pouvoir enfin me poser dans ma chambre d’hôtel. J’ai l’estomac aux abois, je me change vite et file me restaurer, je devrais plutôt dire m’empiffrer afin de refaire le plein de tout ce que j’ai perdu dans cette montée, je ne compte pas la dépense et saute sur tout ce qui est mangeable.

J’ai parcouru ce soir là 300 mètres dans cette petite ville mais il ne m’aura fallu pas moins de 3 heures et demi pour pouvoir retrouver ma chambre tellement les gens sont épris de curiosité à mon égard et c’est pas moins de 10 thés que j’ai du boire sur la distance. J’ai toutefois fait une connaissance intéressante, celle de Muhamed, un non parlant avec qui il est facile de parler par geste pour ce faire comprendre.

Je suis comblé et repus et à mon retour à l’hôtel, c’est le directeur qui me reçoit et me souhaite la bienvenue avec un sourire qui lui monte bizarrement jusqu’aux oreilles. Un peu épuisé, je mets un terme à la discussion et me dirige enfin vers ma chambre où m’attend un bon lit au sec car l’orage fait fureur cette nuit là et c’est avec plaisir que j’enfile ma clef dans la serrure, ouvre la porte et m’écroule sur mon lit.

atroupement autour de mon vélo, faut garder l'oeil sur tout

encore un paysage à couper le soufle

une belle photo de la ville de Karayazi, perdue dans la montagne au milieu de nul part, joli le lac non?

 

Malheureusement pour moi, je n’étais pas prêt de me coucher car au bout de quelques petites minutes, de petits détails me turlupine, j’essaye de me concentré pour comprendre de quoi il s’agit quand soudain je comprends, ma chambre à été visitée, mes affaires on étés fouillées et d’un bon je saute du lit et contrôle toutes mes affaires.

Il me manque du matériel, un stylo, ma radio, mon mp3, ma montre et mon appareil photo. La tête embrumée, j’essaye d’analyser la situation et je comprends enfin le sourire du patron de l’établissement, c’est lui qui à logiquement prit mes affaires. Je sors pour chercher la personne que j’ai croisée qui parlait anglais et je lui demande de l’aide en lui expliquant la situation.

La suite est une histoire sans fin, le patron, toujours aussi souriant, refuse de porter le chapeau en essayant de me faire croire qu’en Turquie il n’y a qu’une clef de porte, donc ce ne peut être lui et il essaye de rendre responsable du vol le chauffeur du 4x4, puis lui prouvant que cela n’était pas possible, il mettra la faute un coup sur des enfants, puis sur le vendeur du magasin, tout le village aurait pu y passer s’y à près de minuit j’ai mis un terme assez brutalement à cette histoire sans fin en lui promettant d’aller voir la police si demain matin je n’avait pas mes affaires.

Ce soir là j’ai eu un peu de peine à m’endormir et pour la première fois de mon voyage, je dors avec mon couteau sous mon cousin.

Au petit matin, je me réveil, pas content du tout, j’ouvre ma porte avec l’espoir d’y voir mes affaires déposées devant, que nenni, la colère commence à monter quand je pars en direction du poste de police pour y déposer une plainte contre le patron de l’hôtel SARAY de Karayazi.

Ce n’est pas moins de 8 heures qu’il m’aura fallu pour mener à bien ma quête, dont près de 5 heures d’attente, temps que je mets à partis pour sympathiser avec les agents de police qui me trouverons un autre endroit où passer la nuit, qui m’offrirons eux aussi du thé et des questions, me feront goûter au fruits de la région et m’offriront un briquet avec des Leds lumineuses imitant les feux d’un voiture de police.

Ces 8 heures n’auront servi à pas grand-chose sur le moment, la chose sera jugée en mon absence et je serais tenu au courant par mon ambassade, me voilà très content, mon stylo volatilisé, pas trop grave, j’en trouverais un autre, ma montre suisse, ennuyant car elle dormait dans mes sacoches depuis 14 mois dans la possibilité de la revendre en cas de coups durs, (comme le vol de notre appareil ) ma radio et mon mp3, très ennuyant car certain soir ou durant les montées pénibles la musique m’aidait, et mon appareil photo, notre appareil photo, dernier objet qui me restait d’Isabelle, que nous avions achetés ensemble pour ce voyage, qui était le garant de nos souvenirs de voyage, l’essence de notre site Internet, me voilà nu sans lui.

Le matin suivant, après un dernier thé en compagnie d’un Imam qui essaye de me convertir quand je lui dit que je suis agnostique, c’est délesté de quelques centaines de grammes mais avec la rage au cœur que je quitte cette ville pour me diriger vers Tutak.

La splendeur des paysages, la beauté de cette vallée et de ces roches, le bruit de la rivière furieuse et cette petite route sans circulation que je vais suivre sur plus de 60 kilomètres apaiseront aux fils des kilomètres cette rage qui me ronge, calmeront un peu mon dégoût  envers ce genre de personnages sans foi ni loi qui par des gestes stupides causes des torts dont ils ne soupçonnent pas la portée.

Chemin faisant, je fais la rencontre de Samittin, un apiculteur avec qui je vais rester une bonne heure, le temps de partager son amour pour ses abeilles et les petits secrets de mise en marche d’une ruche avec exercices pratiques à l’appuis.

Quelques heures plus tard, je serais rattrapé par un orage de grêle violent et malgré le fait que je l’ai vu venir et que je m’y sois préparé, la grosseur des grêlons m’obligerons à stopper net, à m’accroupir contre ma remorque et me protéger la tête en me couvrant de mon sac à dos car mon chapeau et ma capuche ne me protègent plus, et durant 10 minutes, je resterais dans cette position fœtale, impuissant face à cet évènement, ne pouvant que me protéger et écouter les grêlons frapper mon engin et jouer de la musique avec la sonnette métallique de mon vélo et recevant par ricochets des débris de grêlons.

J’arrive quelque peu humide dans la ville de Tutak, après une montée qui restera dans les anales, m’arrête dans le seul hôtel de cette petite ville et au moment de sortir mon passeport pour le donner au réceptionniste, malheur, je m’aperçois que je l’ai oublié dans l’hôtel précédent, ne me restera plus qu’à faire demi-tour demain pour aller le chercher.

Me voilà à Tutak, à plus de 2200 mètres, obligé d’y rester plus longtemps que prévu faute d’oublis de passeport, et après un allez-retour fait en voiture (c’est quand même vachement plus rapide en voiture, et surtout moins pénible ) juste le temps de voir que la route a été à plusieurs endroits complètement  recouverte par l’eau de ruissellement des orages de la veille, laissant sur son passage lit de boue et cailloux.

Durant cette journée de repos non prévue, j’ai le temps de voir qu’ici aussi les enfants sont cireurs de chaussures durant les vacances scolaires, comme Békir, 8 ans, le visage et les mains complètement barbouillés de cirage (j’ai trouvé l’astuce pour ne pas être importuné à longueur de journée par les petits cireurs, portez des sandales ou alors des chaussures vraiment crottées et ils vous laissent en paix ) que le fait que le nom de mon père ne soit pas sur mon passeport les surprend beaucoup, que dans cette partie de la Turquie, ils sont toujours aussi obsédé par les questions sexe et le fait que je ne sois pas en compagnie d’une femme depuis si longtemps, avec une petite nouveauté, on me demande souvent si je suis circoncis ???

Que la commune fait comme dans la plus grande partie des petites villes que j’ai traversés, soit passer des annonces verbalement, transmis par les haut-parleurs suspendus ici et la et à ma plus grande surprise, dans ce petit hôtel complètement perdu qui se trouve l’étage en dessus de la mairie et qui en plus m’a réservé un des meilleurs accueils que j’ai connu, j’ai le Wifi et peu enfin profiter de ma Tite-Femme par Internet, Que là aussi le pain est un aliment de base car il remplace souvent les féculents et que vous pouvez très facilement demander un verre d’eau du robinet dans un restaurant sans que le patron soit surpris ou mécontent et très souvent il vous offre gracieusement une tasse de thé en plus.

(patrons des restos suisses, (européens) ce texte était pour vous, vous savez, Hospitalité, Hostellerie, car la dernière fois que j’ai demandé un verre d’eau dans un resto suisse, on m’a sèchement indiqué la direction des toilettes et répondu que les WC était réservés aux clients )

Aux petites lueurs de l’aube, sous un ciel gris, je reprends la route et fini à Ağrı (ce prononce arreu, je comprends pourquoi personne ne me comprenais quand je demandais ma direction J) avec pour les 15 derniers kilomètres enfin du plat, chose que je n’ai plus connu depuis plus d’un mois, c’est mon cul qui est content là, non, heureux (vivement que je puisse m’offrir une selle Brooks).

Voila, je vais y rester quelques jours, le temps de mettre à jour le site car je n’ai plus que 140 kilomètres à faire et je serais en Iran et comme vous le savez, certains évènements s’y produisent et j’ai entendu dire que les communications Internet et téléphoniques étaient coupées, mais après maintes réflexions, je me suis dit que j’avais moins de chance de mourir d’une bale perdue que de me faire écraser par un camion sur les routes turques, donc c’est le cœur léger que je vais m’y rendre en espérant trouver un pantalon avant de franchir la frontière (fini les shorts) et de quoi me connecter pour vous faire profiter de ce voyage qui s’annonce merveilleux.

Mais cela est une autre histoire que je vous conterais si je trouve de quoi me connecter… pour une fois cette phrase tombe à merveille 

PS comme vous avez pu le lire et le constater par les cadres photos vides, (heureusement je les ai en mémoire) et sur la fin du texte où il y a carrément plus de photos, je n’ai plus d’appareil et j’ai constaté durant les trajets que je faisais à quel point il me manquait car à tout moment je me disais "houaaa comme c’est beau ou surprenant, vite une photo pour leur montrer" Alors maintenant que faire, laisser tomber les photos?

Cela enlèverait tout le charme du site et m’obligerait à court terme à l’abandonner faute d’intérêts et de visiteurs, me reste alors la possibilité de faire payer l’entrée du site le temps de pouvoir acheter un appareil photo… je m’y refuse complètement car j’estime que je me dois de faire partager cette aventure à tous ceux qui non pas la chance ou la possibilité de la vivre par eux même. Alors que faire…

En me réveillant ce matin alors que j’avais dans l’idée d’abandonner le site, une idée de derrière les fagots m’est venue à l’esprit. Voila cette idée… vous demander bénévolement de m’aider à m’acheter un appareil numérique avec lequel je puisse faire de bonnes photos, il coûte environ 900 francs suisses (600 euros) et Isabelle qui n’a pas le sous et toujours pas de job ne peu m’en donné qu’une partie, il en manque encore pas mal.

Alors si vous désirez que le site continue et que vous avez quelques petits sous qui traîne dans le fond d’un tiroir (vous êtes plus de 200 à me suivre régulièrement, ça devrait le faire non  ) Vous pouvez tous simplement envoyer un émail à Isabelle qui vous transmettra les coordonnées de la banque où vous pourrez verser les sous (pour éviter les frais bancaires faramineux, vous pouvez aussi envoyer cela dans une envellope, mais chut, j'ai rien dit car on à pas le droit

Dans 10 mois je recevrais bien plus de sous pour mon voyage et aurais la possibilité de remboursé intégralement ceux qui le désir et qui auront mis leur IBAN dans leur émail. En espérant que cette demande d’aide portera ses fruits et en remerciant par avance ceux qui nous aideront à faire vivre ce site, je ne peux plus que vous embrasser et vous dire à très bientôt j’espère.  

 

27 juin 2009

Durant les trois jours où je suis resté à Ağrı, j’en ai profité pour faire une petite révision à mon cher vélo qui en avait bien besoin car il commençait à couiner à chaque coup de pédale. (bin oui, mettez-vous un moment à sa place, après près de 8 millions de tour de roue et autant pour le pédalier et plus de 15 millions de mètres parcourus, vous feriez quoi comme tête vous )

Le deuxième jour je fais la connaissance de Maria et Emilio, deux espagnoles partit en vélo pour rejoindre le Népal www.rutadelasedasolidaria.blogspot.com et après une jolie photo de groupe avec un bel appareil, (évidement exactement celui que je voudrais m’acheter ), photo qu’il m’ont promis de m’envoyer, je retourne à l’hôtel avec la vision de cet appareil qui ne me quitte pas, comme ci je les avais croisés rien que pour me faire regretter mon vieil appareil, et après bien des réflexions et un coup de téléphone d’Isabelle qui me dit qu’il y a déjà 4 personnes qui ont répondu à notre appel d’aide en moins de 48 heures.

Je prends le taureau par les cornes, téléphone à Isabelle en lui disant de faire confiance à mon instinct, que je pensais que notre demande d’aide n’allait pas rester lettre morte et je lui demande de prendre le risque et de m’envoyer tout son argent du mois pour me permettre d’acheter l’appareil, maintenant que je suis dans une grande ville, que vos versements lui permettront de passer le mois. Le lendemain matin, l’argent sur le compte, je file dans le magasin m’acheter un nouvel appareil photo et passe le restant de la journée à essayer de domestiquer le fauve au mode d’emploi en turque.

toute première photo depuis ma chambre d'hôtel, regardez bien le carré blanc par la fenêtre, celui avec les ronds noirs sur l'immeuble d'en face

premier essai du zoom poussé à fond, puissant le zoom non!

bin non, après décriptage du mode d'emploi turc, il y avait encore une possibilité de zoomer plus et j'ai pas bougé de place pour les trois photos, ca vous promet de belles photos

 

Au petit matin, je me lance sur la route pour la dernière étape qui me sépare de l’Iran, 3 jours de vélo selon mon plan, avec de très grandes distances sans villages, mais comme à l’habitude, quand vous prévoyez des choses dans une pareille aventure, rien ne se passe comme prévu et me voila sans possibilité aucune de poser ma tente, la route est surélevée de plusieurs mettre, les rares endroits accessibles sont marécageux et détrempés et les rares endroits secs sont complètement à découvert, n’offrant aucune protection et vu les trois voles subit dans la partie kurde de la Turquie, je ne veux pas courir encore un nouveau risque et prend la décision de pédaler jusqu’à la prochaine ville où je pourrais trouver un petit hôtel.

Sur une route où il ne fait pas bon être un touriste en vélo car en vous voyant, tous les bergers, des ados, se précipitent sur le bord de la route et tendent la main en vous demandant de l’argent (le seul coin de la Turquie où je vis cela car c’est un passage obligatoire pour les touristes qui se rendent en Iran) et comme je continue mon chemin l’air de rien, je suis à de nombreuses reprises caillassé, mais à chaque fois, je m’arrête brutalement quelques mètres plus loin et leur retourne la pareille en les mettant en fuite par mes tirs précis et puissants qui eux font mouche.

(ils vont y réfléchir à deux fois la prochaine fois qu’ils croiseront un touriste à vélo car très souvent les cailloux m’ont frôlé la tête de peu, sans parler du bâton qu’un de ces gamins a lancé tel un javelot en visant mes roues et qui par chance est passé entre les deux, des comportements aussi dangereux qu’inconscients qui méritent à mon avis d’être corrigé sur-le-champ en leur montrant ce que ça fait)

troupeau de mouton en train de brouter... ok, j'ai encore besoin d'un peu d'excercice avec ce nouvel appareil

les arbres et l'herbe devienent par endroit très rares

les vaches aussi prennent du plaisir à la plage

 

Hormis ces petits désagréments de voyage et les muscles qui me supplient de m’arrêter, j’approche enfin dans la ville de Doğubayazit où une vision incroyable se dessine petit à petit devant mes yeux, un géant, non, un monstre, un vieux volcan de plus de 5'000 mètres apparaît devant moi (oups, j’ai failli oublier que j’étais suisse et que je me dois d’être précis… Le Mont ağri daği, 5'137 mètres) un molosse somptueux avec son sommet enneigé alors que tout est vert à perte de vue, une vision qui va très certainement laisser des traces à vie au fond de moi.

Après 94 kilomètres de parcourus ce jour là (nouveau record) je peux enfin me stopper dans un hôtel, me précipiter sous une bonne douche et tout aussi rapidement aller dans le restaurant de l’hôtel pour assouvir mon besoin pressant de nourriture. Malheureusement pour moi, il est fermé et le prochain qui est ouvert est à 3 kilomètres d’ici, je n’ai plus de force, je suis en hypoglycémie et la nuit est déjà tombée, je n’ai plus le feu arrière de ma remorque, elle m’a été dérobée il y a quelques jours, et mes muscles on déjà de la peine à me faire tenir debout, ce soir la je me contenterais de Bananes, de pain et de biscuit avant de m’effondré sur mon lit et de ne rouvrir les yeux que le lendemain matin.

voilà le molosse, suivit par deux petits frères en enfilade... vous pouvez au passage voir la qualité des routes

vraiment une drôle de sensation, domage que je ne puisse vous la transmettre avec les photos

coucher de soleil sur le sommet au moment où j'atteind enfin la ville

 

C’est un bruit de tôle froissée qui me réveil ce matin là (les Turcs ont vraiment de la peine avec les créneaux, ils s’y mettent souvent à plusieurs et le résultat final est tout autant catastrophique) et après un test de glace turc (essayé une fois, je n’essayerais plus jamais ) et un dernier panier marqué.

(là je dois vous expliquer, imaginer des toilettes turques, la dernière génération à un clapet de fermeture qui empêche la remontée d’odeur et Cie, donc le but du jeu vu que vous n’avez pas de chasse d’eau mais juste un petit récipient que vous remplissez pour nettoyer le tout, est de trouver la bonne position qui permettra à vos petites crottes de tomber pile sur le clapet et disparaître sans laisser de traces, d’où l’idée du caca basket ) je disais donc, après un panier marqué, je monte sur mon engin et file en direction de L’Iran qui n’est plus qu’à 35 kilomètres.

Durant le trajet, les camions européens me saluent en me klaxonnant, je croise mes dernières charrettes tirées par des chevaux quand j’arrive dans le dernier avant la frontière, je la vois, elle est là à 300 mètres mais ne sachant pas ce qui s’y trouve derrière, je m’arrête dans un petit resto, histoires de bien me remplir l’estomac.

Durant le repas je suis accosté par un homme, un kurde de Turquie, qui me dit que je dois faire du change avant de passer la frontière sinon mon entrée sera refusée, je m’exécute et lui donne mes derniers sous de ce pays sur ce, il me fait le change et me dis que je dois échanger plus car avec ce qui se passe en Iran actuellement, les banques ne font plus de change, que les Iraniens eux même passent en Turquie pour faire du change, puis il se lève d’un coup et file en direction de la route à 100 mètres d’ici car un touriste à pied passait par-là, puis après 10 minutes, il revient en me disant qu’il lui a fait du change pour 500 euros et me redis que je dois changer maintenant.

Je suis un peu pris au dépourvu, je n’ai pas eu l’information qu’il y avait des problèmes avec les banques iraniennes, mais les choses changent vite parfois, les banques en Iran refusent les cartes de crédit, obligation de voyager avec du liquide, j’hésite, j’ai un doute et je ne connais pas le taux de change, que faire…

Au bout de 5 minutes je décide de ne changer qu’un billet de 100 dollars, je sens une arnaque mais je ne peux douter de rien et que ferais-je surs place si effectivement les banques ne font plus de change. Heureusement pour moi, je n’ai échangé que 100 dollars car tout était faut et son taux de change bien loin de la réalité…

la frontière avec l'Iran se précise, les blindés sont en places.. Sans ce zoom, photo impossible

 

C’est avec une rancœur bien ravivée envers les Kurdes qui ont souillé la fin de mon périple dans ce pays que je passe les derniers barrages turcs et me présente à la douane iranienne, vais-je pouvoir goûter à la légendaire hospitalité des gens du pays… cela est une autre histoire que je vous conterais et vous imagerais par de belles photos, enfin si je ne suis pas obligé de le revendre pour permettre à Isabelle de manger 

idem pour cette photo de la frontière où drapeaux turc et iraniens sont cote à cote

et voilà mon premier spécimen iraniens, trop chou n'est-ce-pas (Merci zoom)

 

PS. Un grand merci à ceux qui nous aident et qui on déjà envoyer un émail ou de l’argent (Isabelle indiquera sur le livre d’or quand elle aura reçu la somme qu’il nous manquait) et dés que j’aurais trouvé la chose que je recherche depuis plusieurs jours pour vous remercier par avance, je vous la transmettrais sans faute, en attendant, bin juste un gros bisou  (heuuu, ça ne vous pose pas de problèmes si je vous mets dans la page des remerciements pour votre aide ??? je crois que vous le méritez bien non )

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